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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 19:00
Merapi.jpgLocalisation : Ile de Java, Indonésie.
Coordonnées : S 7° 54'
                            E 110° 44'
Altitude : 2911m

Description succinte : Stratovolcan actif
Volcan  gris

Grimpabilité : 5 à 6 heures au départ de Selo. Le sentier, ouvert dans les années 60 par Haroun Tazieff, est bien tracé et sans grande difficulté. Comme le résume le Lonely Planet "C'est facile mais abrupt...". Un guide n'est pas obligatoire mais il semble assez facile d'en trouver une fois sur place. Le départ se donne généralement vers 1h du matin à la lumière des frontales afin de bénéficier du lever de soleil depuis le sommet. L'accès est gratuit mais il n'est pas impossible que l'on vous demande une petite "taxe" à un moment ou à un autre...

Photo AFP

En indonésien Merapi signifie « montagne de feu ». Ce surnom n’a rien d’anodin car dans les faits il est le volcan le plus actif d’Indonésie et l’un des plus actifs de la planète. Situé au centre de l’île de Java, au nord de Yogyakarta, il est le plus jeune et le plus méridional des volcans d’une chaîne s’étendant NNW jusqu’au volcan Ungaran. Le volcanisme d’arc très intense présent dans cette région est lié à la subduction rapide (6cm/an) de la plaque indo-australienne plongeant vers le nord sous la plaque de la Sonde. Cette intense activité est un problème lorsque l’on connaît la densité de population dans cette région (environ 1,5 Millions d'habitants vivent autour du volcan) et la faible distance (25 km) qui sépare le volcan de « Yogya », ville d'environ 500000 d'habitants.

L'édifice volcanique se présente sous la forme d'un magnifique cône surplombant de plus de 2000 mètres la "plaine" environnante. Le volcan actuel avoisine les 3000 mètres d'altitude pour un diamètre à sa base d'environ 10 kilomètres. Pourtant, à l'instar de nombreux volcans dans le monde, cette morphologie simple masque une histoire plus complexe. En effet, les études structurales et physico-chimiques sur le Mérapi montrent une évolution en 4 périodes majeures:
- Pre-Merapi : > 400 000 ans. Il est représenté par un cône basaltique riche en olivines « Hill Bibi », culminant à 2025m au Nord-Est du volcan, sous la forme d'un fer à cheval témoignant de phases d'éffondrement de l'édifice,
- Old Merapi: de 60 000 - 8000 ans. Période caractérisée par des éruptions de basalte effusif et de nombreuses coulées pyroclastiques,
- Mature Merapi: de 8000 - 2000 ans. Avec émission d'un magma andésitique et des coulées pyroclastiques de type Saint Vincent (caractérise un effondrement gravitaire de nuages volcaniques chargés de cendres),
- New Merapi: 2000 ans - actuel. Emission de basaltes et d’andésites associées à des coulées pyroclastiques, des éruptions vulcaniennes à Sub-pliniennes et phréatomagmatiques. Cette dernière phase aboutit à la morphologie que nous connaissons aujourd'hui.
La production d’andésites correspond à des périodes de faible activité volcanique, avec une plus forte cristallisation fractionnée dans la chambre, alors que celle de basalte est associée à une augmentation de cette activité. Cette variation dans la composition est interprétée par un afflux de magma primitif mafique dans la chambre magmatique active qui favoriserait l’éruption d’un magma plus évolué (Gertisser et Keller, 2003).

Depuis 600 ans, l’activité a été dominée par la fabrication et la destruction sous forme de coulées pyroclastiques de dômes ou de coulées de laves andésitiques très visqueuses. En effet, lorsque le dôme ou les coulées de lave atteignent leurs limites physiques de hauteur, d’épaisseur ou d’inclinaison, ils peuvent s’écrouler et entraîner la formation de « Merapi Type nuées ardentes » (Escher, 1933; Macdonald, 1972), terme utilisé par convention pour caractériser un flux pyroclastique produit par démantèlement gravitaire.
Ces lentes coulées de lave incandescentes, très visibles de nuit, sont à l’origine du nom du volcan (Montagne de feu) alors que les fréquentes nuées ardentes rendent le sommet du volcan totalement dépourvu de végétation, et ce
malgré la chaleur et l’humidité de la région.

Sur les 80 éruptions répertoriées dans les temps historiques, près de la moitié semblent avoir été accompagnées de ces nuées ardentes, ce qui est plus que tout autre volcan dans le monde, et il n'est pas éxagéré de dire, même si aucun décompte exact n'existe, que ce volcan à pu faire plusieurs miliers à dizaines de miliers de victimes durant son histoire. Les deux risques principaux sont, comme nous l'avons déja vu la production de nuées ardentes, mais aussi la production de lahars puisque le climat équatorial sur la zone peut apporter de grandes quantités d'eau. Pourtant, la population, loin de déserter les pentes du volcan, a même tendance à s'accroitre. Ce phénomène se retrouve sur de très nombreux volcans dans le monde et est lié à trois principaux phénomènes:
- La raréfaction des éspaces protégés du à l'accroissement démographique,
- La fertilité exceptionelle des terrains volcaniques et en particulier dans le cas des volcans gris,
- Les croyances qui attribuent souvent aux volcans la résidence de divinités, des pouvoirs surnaturels... Il sont ainsi souvent le lieu de pélerinages et parfois à l'origine de l'évolution (parfois même la disparition) de civilisations. 
Les risques associés au Mérapi ont donc favorisé la création d’un laboratoire dès 1952. Baptisé Merapi Volcano Observatory (MVO) en 1988, il est depuis 1997 connu sous le nom de Volcanology Technical Research Center (VTRC) .

Une étude sur la production de lave du volcan compilée par Siswowidjoyo et al. (1995) montre que les volumes cumulés émis depuis 1870 augmentent de façon linéaire, donc que la production est constante mais que des éruptions plus volumineuses surviennent périodiquement, reflétant une dynamique du réservoir de magma. De telles périodes ont été plusieurs fois observées au cours du siècle dernier, notemment en  1907, 1930–1931, 1961, et 1984–1989. Selon B. Voight et al. (2000) ces observations montrent que le magma est alimentée continuellement dans un réservoir qui se décharge dans un cycle de 20-30 ans au cours d’une plus grosse éruption. Ils précisent également qu'il est important de rappeler que la destruction du sommet du Merapi ne doit pas être exclue, voire même envisagée, au cours du 21ème siècle. En effet, de telles éruption semblent, selon les récits, avoir eu lieux en 1822 et 1872.


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commentaires

J
il manque un ancien volcan en Indonésie situé dans un lac ( le lac de Toba ) ce volcan a déjà provoqué une apocalypse il y a 75000 ans auparavant et d'après beaucoup de volcanologues il pourrait bien recommencé, mais c'est plutôt un "super volcan"
Répondre
T
<br /> oui oui bien entendu, le lac toba n'est pas pour rien le plus grand lac volcanique du monde, et je n'aimerais pas vraiment être à moins de 50km du volcan le jour ou il entrera de nouveau en<br /> éruption! Si tu as une photo je peux faire un article sur ce volcan, il est peu médiatique et pourtant certainement très intéressant.<br /> <br /> <br />